J'ai longtemps habité Stembert dans la banlieue de Verviers.
Cette ville est sitée à l'est de la Belgique à 30 kilomètres de Liège.
Autrefois, Stembert était un village et ce village a sa légende.
La légende du "leûp" (loup) de Stembert
(Retranscription partielle du texte d'Edmond Marnette)
Stembert,c'est déjà un peu l'Ardenne avec ses vielles maisons qui chauffent leurs pierres grises au soleil.
Dans le lieu dit "Le Bronde" vivaient le fermier Mathieu et sa famille.
Il cultivait son blé,récoltait ses fruits à l'automne et élevait des moutons.
Une fois l'an, à l'époque de la tonte, Mathieu entassait ses balles de laine blanche santant bon le foin et la verdure de sa belle campagne.
Il attelait sa cariole et descendait par les petits chemins pour vendre sa laine aux usines textiles de Verviers.
Le fermier Mathieu aimait flâner dans sa verte campagne et faisait de temps en temps une petite sieste pendant que ses moutons gambadaient dans la luzerne fraîche.
Ce jour là, il s'endormit plus profondément que d'habitude et perdit de vue son troupeau.
A son réveil,en rassemblant ses bêtes, il en trouva une morte la gorge zèbrée d'une profonde entaille.
Deux jour plus tard, il trouva une autre brebis égorgée.
Sa tristesse se mua en perplexité et en crainte car ces moutons perdus représentaient pour lui pas mal d'écus d'or.
Le lendemain, par le chemin de Bronde, il prit la route du village.
Il se dirigea vers l'estaminet "A l'chope du Stimbiet" (A la chope de Stembert).
Mathieu conta son histoire. Il apprit que d'autres fermiers avaient eux aussi à déplorer une perte de bétail.
Il fut alors décidé d'en référer au maïeur.
Celui-ci conseilla aux fermiers de monter une garde permanente auprès de leurs bêtes.
Rentré chez lui, Mathieu chargea son valet d'assurer la garde nocturne du troupeau.
Le garçon le fit durant plusieurs heures mais finit par s'endormir.
Il fut réveillé par un bêlement triste et vit une ombre furtive se glisser dans les hautes herbes.
Le lendemain, il y avait une autre brebis en moins dans le troupeau.
Mathieu en colère ordonna à son valet d'aller chercher le boucher du village.
Le boucher après avoir examiné la dépouille déclara que c'était un loup affamé qui avait occis la bête.
la nouvelle se répandit dans tout Stembert semant une sainte frayeur car les anciens se souvenaient des hordes de loups descendant de la "Louvetrie" (à l'est du village) le siècle précédent.
Le maïeur rasembla alors toute la population sur la place de l'église.
IL décréta une mobilisation générale.
Organisant une grande battue où tous les hommes armés de fusils, de bâtons ou de fourches furent mis sur pied de guerre.
La chasse dura toute la journée.Vingt fois, on crut apercevoir le fameux loup...sans succès.
Finalement, l'animal acculé jaillit d'un fourré.
Il fonça le croc menaçant, la bave à la gueule vers les chasseurs.
Un d'entre eux épaula son fusil et par une chance incroyable l'abattit d'un seul coup.
Le brave homme soulagé de sa frayeur n'eut pas le triomphe modeste en se proclamant le "roi des tireurs".
On chargea l'animal et le cortège revint triomphalement au village.On décida d'exposer la dépouille du loup sur le perron.
Les cloches résonnèrent et les Stembertois décidèrent d'organiser un banquet pour fêter l'évènement.
Le lendemain on fit venir le vétérinaire de la ville pour examiner le cadavre du Loup de Stembert.
D'abord perplexe, celui-ci se mit à rire, à rire aux éclats en déclarant que le fauve n'était en réalité qu'un chien errant !!!
Et l'histoire fit grand bruit dans le village où l'on partit d'un grand éclat de rire.Et telle la calomnie, elle déborda dans la vallée où on s'esbaudit de la méprise des gens de Stembert.
C'est pourquoi depuis cette battue mémorable, ils se virent affublés du sobriquet de "Leûps" (loup en Wallon).
Mais les Stembertois ne s'en portent pas plus mal (ils éditent même un journal local qui s'appelle "Lu Leûp").
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